
Comment préparer votre mental en compétition ?
Préparez votre mental à la blessure
“ Tout·e sportif·ve est un·e blessé·e potentiel·le ”. La marche athlétique, à l’image de toute activité sportive, a son lot de sollicitations musculaires et articulaires. Or, nous avons beau savoir que la répétition d’un même mouvement peut parfois mener à des petits bobos de sportif·ve, on n’est jamais vraiment prêt·e à les accueillir.
“ Le mieux est de se préparer à l’éventualité de se blesser. C’est une chose qui peut arriver et face à laquelle il faut savoir bien réagir ”.

Qui dit blessure, dit repos. Vous avez certainement expérimenté la tendinite, la contracture, ou la périostite (spécialité des marcheurs !) et si l’arrêt va de soi, la reprise, elle, a tendance à sonner trop tôt, et de notre propre chef.
“ En tant qu’athlète, il est normal de vouloir revenir le plus vite possible, mais la précipitation n’est jamais bonne. Notre corps est notre matière première, il faut en prendre soin ”.
Face à la blessure, la patience est la meilleure attitude à adopter. Pensez que deux à trois mois de repos ne représentent qu’une infime partie de votre vie. Vous êtes d’accord ? Alors vous avez accepté d’être blessé·e.
“Très vite, il faut comprendre que notre état est passager. Sans cette capacité-là, on se morfond et on perd du temps. Et puis, accepter la situation, c’est déjà rebondir ”.
Rebondir, c’est penser à l’après, mais surtout au présent. Vous êtes blessé·e, le verdict du docteur est tombé. Passée la frustration, votre premier réflexe doit être celui de la mise en place de votre rétablissement : prenez vos rendez-vous chez le kinésithérapeute et autres spécialistes susceptibles de vous soulager, et reposez-vous.
Une fois le côté médical arrangé, et même en sachant que vous ne pourrez honorer vos objectifs sur le temps de votre blessure, fixez-vous en de nouveaux !
“ Il faut se nourrir de sa blessure, lui donner un sens, et rester en éveil pour décider de nouveaux objectifs. Vous ne pouvez pas prendre le départ de cette course-là ? Ce n’est pas grave, vous y serez l‘année prochaine, et penserez alors : quelle chance j’ai de pouvoir marcher, la voici ma revanche ! ”.

Préparez votre mental à la contre-performance*
*Quand le résultat obtenu n’est pas celui escompté. Le·a sportif·ve se sent capable de faire beaucoup mieux que ce qu’il·elle a accomplit.

Si le schéma (anticiper, accepter, rebondir) de préparation mentale à la blessure s’applique également à la contre-performance, cette dernière compte un quatrième outil : l’analyse.
Dans le cadre d’une préparation mentale, il y a ce qu’on appelle des feed-backs, autrement dit des retours, des debriefings.
“ Après chaque objectif, seul·e ou avec un coach, il faut analyser sa course afin de trouver les causes de ce qui n’a pas été. L’objectif est d’apporter des solutions et de s’améliorer ”.
Se remobiliser positivement et voir ce qui doit être rapidement amélioré, tels sont les enjeux de la pensée utile. En d’autres termes, la pensée utile permet d’atteindre une meilleure version de soi-même.
Yvonnick parle de trois batteries : la batterie mentale, la batterie physique, et la batterie technique.
“ Typiquement, la batterie mentale consiste à dire “ il·elle est plus fort·e que moi, je n’avance plus ”.
La batterie physique est, par exemple, plus faible lorsqu’on est malade.
Et la batterie technique est endommagée dans le cas où trois cartons rouges nous ont été octroyé lors d’une compétition de marche athlétique. Et ces batteries ne sont pas qu’utiles au·à la sportif·ve, mais à chacun de nous ”.
Faire travailler ces trois batteries ensemble, c’est donc l’épanouissement assuré. “ Il est important de maintenir tout le temps des hauts degrés de batterie mentale. En effet, cela permet de se remobiliser après un échec, d’autant plus qu’un échec n’empêche pas de gagner ni de retomber après ”. D’ailleurs, le coach n’aime pas le mot échec. Il préfère parler de “ brouillon de la performance, car il faut passer par quelques brouillons pour rendre une superbe copie ! ”.

Préparez votre mental à la victoire
Il est courant de parler de préparation mentale face à l’échec, ou plutôt face à “ un brouillon de la performance ”, ici en l’occurrence. Mais face à la victoire, il y a aussi de petites clés à adopter !
Expression tout droit sortie du jargon de la préparation mentale, “ remettre le labeur en pratique ” trouve son sens dans le piège que constituent l’euphorie et le sentiment d’acquis qui parfois naissent en nous après une victoire (pas forcément la première place, nous sommes tous les vainqueurs de nos propres objectifs !).
“ Attention à ne pas se sentir invincible et minimiser la préparation ! Remettre le labeur en pratique, garder le cap, c’est penser à tout ça : la préparation physique et mentale, la confiance en soi, la relaxation… Etc ”, et l’humilité !

“ Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurai jamais imaginé gagner ”, ce cri du cœur ouvre la voie à tous les espoirs, et même si ce n’est pas un mensonge, il n’en est pas vrai pour autant. En effet, gagner c’est s’être, au préalable, vu·e gagner dans sa tête.
“ En marche athlétique, pour réaliser le geste parfait qui conduit à la victoire, il faut s’imaginer l’effectuer ”. Ces images fortes, transpirant la réussite concourent largement à votre victoire ! “ L’important n’est pas de croire qu’on PEUT gagner, mais de se dire qu’on VA gagner ”.
Préparez votre mental à “ avoir du mental ”
Avez-vous déjà bluffé ? Si oui, quelle fut votre stupéfaction lorsque vous avez découvert son pouvoir sur cette autre personne bluffée, n’ayant pas eu la même audace que vous. S’il y a bien une chose que nous apprend le body language, le langage du corps, c’est qu’il ne faut jamais laisser tomber !
“ Lorsqu’on double une personne, on lui donne des informations sur notre état actuel ”. Jouez la décontraction et vous verrez que la plupart craqueront davantage ! Et pour cause, ils·elles se sont laissé·es déstabiliser par votre forme actuelle (en apparence, extraordinaire), comme si, juste en les doublant vous aviez englouti leurs dernières forces. D’où l’intérêt d’être concentré·e, et de donner les bonnes informations (pas forcément les vraies), à la bonne personne, et au bon moment !

Quand la difficulté s’installe et que le corps fatigue, le mental prend le relais. “ Lorsqu’un point nous gêne, il est primordial de ne pas se focaliser sur lui. Il faut penser à d’autres choses ”.
Ces autres choses dont nous parle Yvonnick, ce sont des images d’ancrage (positives). “ Il peut s’agir d’un magnifique panorama découvert lors d’une randonnée, d’émotions fortes ou de beaux moments de vie, pourvu que cela rappelle la confiance et l’apaisement. Pour ceux qui ont besoin d’agressivité, visualiser un lion ou un tigre en train de pourchasser des gazelles, peut permettre de se remobiliser pleinement ”.
Se parler fonctionne aussi, à vous de trouver les bons mots pour vous rassurer !

Si vous vous demandez comment font les marcheur·euses de haut-niveau pour s’entraîner tous les jours, plusieurs fois par jour, qu’importe le temps qu’il fait dehors, et même lorsqu’ils·elles n’en ont pas envie, voici la réponse : la rigueur. Ces sportif·ves entraînent leur mental à ne pas se démoraliser/ démotiver.
“ La préparation mentale peut être un projet de vie, et se travaille au quotidien. À l’image des mots justes qui vous motivent à l’entraînement ou en course, le bien parler pour inculquer de belles valeurs à ses enfants, s’apprend aussi ! ”.
Chacun·e de nous possède un mental. Il peut être plus ou moins fort suivant l’importance qui lui a été accordé. Il varie également d’une personne à l’autre, et d’une période à l’autre dans la vie d’une même personne.
“ On dit souvent que la préparation mentale représente 50 % de la performance, mais cela dépend. Chez certains ça ne sera que 10 %, chez d’autres 80 % ”.
Une chose est sûre : le mental se travaille et fait de nous des marcheur·euses accompli·es ! Et ça, c’est pour tout le monde pareil.

Merci à Yvonnick Simon, coach et préparateur mental pour son aide dans la rédaction de ce conseil.